
Prunelard : renaissance d’un cépage noir oublié du Sud-Ouest
À la redécouverte du Prunelard
Parmi les joyaux méconnus du vignoble français, le Prunelard se distingue par son histoire riche et son caractère unique. Ce vieux cépage rouge ancien, originaire du Tarn et du vignoble de Gaillac, a longtemps été éclipsé par des variétés plus répandues. Pourtant, derrière ce nom évocateur se cache un cépage rare aux qualités remarquables, tant sur le plan historique qu'agronomique et œnologique.
Redécouvert par des vignerons passionnés, ce cépage oublié renaît aujourd’hui dans les verres comme dans les esprits, incarnant une biodiversité viticole précieuse, une mémoire du terroir, et une voie d’avenir face aux défis climatiques et à la quête de singularité.
Pourquoi le cépage Prunelard mérite-t-il une attention renouvelée ? Explorons ensemble ses origines, ses caractéristiques, son retour dans le paysage viticole de Gaillac, et les raisons pour lesquelles il séduit de nouveau les amateurs éclairés.
De l’oubli à la renaissance : l’épopée d’un cépage médiéval
Origine historique : un cépage médiéval du Sud-Ouest
Le Prunelard, également appelé Prunelart, est un cépage autochtone rouge du vignoble de Gaillac, dans le Tarn. Son nom, attesté dès le XVIᵉ siècle sous la forme "prunelar", dérive du latin prunellum, signifiant "petite prune", en raison de la ressemblance de ses baies avec les prunelles.
Historiquement, le Prunelard faisait partie intégrante de l'encépagement rouge de l'AOC Gaillac, aux côtés d’autres cépages anciens comme le Fer Servadou et de la Négrette. Sa culture était répandue dans la région jusqu'à la crise du phylloxéra à la fin du XIXᵉ siècle. Le Prunelard, comme d’autres vieux cépages oubliés, a failli disparaître. Après la crise, des variétés très productives lui ont été préférées pour repeupler le vignoble, pénurie de vin oblige !
Au XXᵉ siècle, le Prunelard était considéré comme presque disparu. Cependant, dans les années 1990, des vignerons passionnés ont entrepris de redécouvrir et de cultiver à nouveau ce cépage, le réintégrant progressivement dans le paysage viticole de Gaillac.
Parenté génétique : parent direct du Malbec (Côt)
Le Prunelard est reconnu comme le parent direct du Malbec, une relation établie grâce aux analyses génétiques menées par l'INRA et l'Université de Californie en 2009. Le Prunelard est le parent mâle du Malbec, croisé avec la Magdeleine Noire des Charentes, qui en est le parent femelle. Cette découverte permet de mieux comprendre l’origine du Malbec, aujourd'hui emblématique de la région de Cahors ou de Touraine-Amboise et largement cultivé dans le monde, notamment en Argentine.

Fiche cépage : tout savoir en 1 minute
Bien que peu connu du grand public, ce cépage oublié attire de plus en plus de vignerons en quête d'authenticité et de typicité.
Type : Cépage noir à jus blanc (rouge)
Baies : Grappes compactes, grains serrés à pellicule épaisse, riches en anthocyanes
Maturité : Tardive, avec un bon maintien de l’acidité
Agronomie :
Sensible à la coulure (d’où de faibles rendements)
Résiste bien à la sécheresse
Exigeant en conditions culturales, mais adapté aux sols du Sud-Ouest
Arômes typiques :
Fruits noirs mûrs (mûre, cassis)
Épices douces, réglisse, parfois notes de violette
Trame tannique dense, mais fondue avec le temps
En vinification :
Idéal pour des élevages longs en fût ou amphore
Peut aussi donner des vins plus fruités et accessibles selon les choix d'extraction
Rôle :
Historiquement utilisé en assemblage (avec Duras, Syrah ou Braucol à Gaillac)
Mais de plus en plus vinifié en monocépage, où il révèle une typicité forte et originale

Mais enfin, où se cache encore le Prunelard ?
Après avoir frôlé la disparition au XXe siècle, le Prunelard a été réintroduit dans les années 1990 par des vignerons passionnés, notamment le Domaine Plageoles. En 2008, le Prunelard a été réintégré dans le cahier des charges de l’AOC Gaillac. Puis, en 2017, il est passé du statut de cépage accessoire à celui de cépage principal, autorisé en monocépage dans les vins rouges de l’appellation.
Aujourd’hui, plusieurs domaines de Gaillac cultivent et vinifient le Prunelard en monocépage, tels que le Domaine de Larroque, le Domaine de Labarthe, le Domaine Carcenac et le Château Clément Termes. En dehors de Gaillac, le Prunelard est également présent dans le vignoble de Marcillac, en Aveyron, bien que de manière plus marginale.
Les vignes de Prunelard s’épanouissent sur des sols argilo-calcaires, bénéficiant d’un climat aux influences océaniques et méditerranéennes, favorable à une maturation lente et complète des raisins. Malgré sa rareté, avec seulement 58 hectares plantés, le cépage Prunelard – à l’instar d’autres cépages oubliés - suscite un intérêt croissant pour son potentiel qualitatif et son lien historique avec le Malbec.
Monocépage ou assemblage ? Le Prunelard sort de l’ombre
En monocépage : structure et caractère
Vinifié seul, le Prunelard donne des vins de caractère, à la robe sombre et à la structure tannique marquée. Souvent décrits comme issus d’un cépage rustique, il bénéficient d’un potentiel de garde notable. Ses arômes évoquent les fruits noirs mûrs, les épices et parfois des notes de réglisse. Cette complexité aromatique et cette structure en font un vin de caractère, apprécié pour sa capacité à vieillir en développant des arômes tertiaires subtils.
En assemblage : un atout pour la complexité
En assemblage, le Prunelard apporte une couleur intense, des tanins solides, une bonne acidité et une complexité aromatique qui enrichissent le profil du vin. Il est souvent utilisé avec des cépages comme le Duras ou le Syrah pour équilibrer et structurer les vins, notamment dans l'appellation Gaillac.
Ainsi, que ce soit en monocépage ou en assemblage, le Prunelard – comme d’autres cépages oubliés - offre des qualités appréciées par les vignerons et les amateurs de vins à la recherche d'authenticité et de cépages autochtones.
Comparaison avec le Malbec
Bien que le Prunelard soit un parent direct du Malbec, il présente des différences notables. Le Prunelard est souvent considéré comme plus rustique et moins fruité que le Malbec, offrant des vins avec une typicité plus marquée. Cette distinction le rend particulièrement intéressant pour les amateurs de vins authentiques et de cépages rares. Une richesse rare à l’image des vieux cépages oubliés qui reprennent aujourd’hui vie.
Trois bonnes raisons de redonner sa place au Prunelard
Le Prunelard de Gaillac, cépage rouge autochtone et discret du Sud-Ouest, mérite aujourd’hui une attention renouvelée. Du moins c’est notre avis. Au-delà de son intérêt historique, il offre des réponses concrètes aux enjeux actuels de la viticulture.
Un patrimoine viticole à sauvegarder
Le Prunelard est l’un des rares cépages ancestraux du Tarn à avoir traversé les siècles, malgré une quasi-disparition au XXe siècle. Sa sauvegarde participe à la préservation de la diversité génétique du vignoble français. En cela, il témoigne d’une histoire, d’un terroir, et d’un savoir-faire local transmis de génération en génération.
Dans une époque marquée par l’uniformisation des cépages à l’échelle mondiale, redonner sa place au Prunelard, c’est revendiquer une identité viticole locale, unique et enracinée.
Un cépage résilient face au changement climatique
Le Prunelard présente des qualités agronomiques précieuses pour l’avenir : il supporte bien la chaleur, s’adapte à des périodes de sécheresse et conserve une bonne acidité malgré une maturation tardive.
À l’heure où les vignerons cherchent des solutions concrètes pour faire face au réchauffement climatique sans renier la qualité, le cépage Prunelard offre une alternative naturelle et durable.
Une singularité aromatique qui séduit
Sur le plan gustatif, ce cépage autochtone de Gaillac se distingue clairement des profils standardisés. Il produit des vins profonds, charpentés, avec une trame tannique affirmée, tout en développant des arômes de fruits noirs mûrs, d’épices, de réglisse et parfois de violette.
Vinifié seul ou en assemblage, il apporte intensité, caractère et fraîcheur, des qualités particulièrement recherchées par les amateurs de vins de terroir et les sommeliers en quête de bouteilles originales.

Un cépage d’avenir enraciné dans le passé
Longtemps relégué dans l’ombre, le Prunelard de Gaillac revient aujourd’hui sur le devant de la scène comme d’autres cépages anciens, grâce à la passion de quelques vignerons visionnaires. Ce cépage confidentiel, profondément ancré dans l’histoire du Sud-Ouest, s’impose comme un vecteur de renaissance viticole à Gaillac et au-delà.
Entre respect du patrimoine, qualités œnologiques affirmées, et adaptabilité aux enjeux climatiques, le Prunelard incarne un cépage de caractère à suivre de près.
Curieux de découvrir ce cépage oublié ? Goûtez à notre cuvée 100 % Prunelard du Domaine Plageoles. Celui-là même qui fut le moteur de son renouveau en France !

Gaillac rouge Prunelart 2019 - Domaine Plageoles
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